Muddy Waters : une montagne du blues !
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Paru dans le JAZZOPHONE, n° 15 (été 2018)
Muddy Waters : une montagne du blues !
Né Mc Kinley Morganfield en 1915, il devient Muddy Waters : qui signifie « eaux boueuses », surnom donné par sa grand-mère quand enfant, il s'était sali, après avoir joué dehors... Fils de paysan dans des champs de coton, il apprend l'harmonica, et la guitare... « Je voulais avant tout sortir de la plantation. Pour cela, j’avais trois possibilités : le base-ball, l’église ou la musique »... Bon choix, car il participera à la naissance du blues électrique de Chicago !
C’est en 1979, que je découvre ce prestigieux festival de la Grande Parade du Jazz à NICE, sur ce site magnifique avec ses trois scènes de concert. Je passe devant les arènes mythiques, admire le jardin, et fébrile fonce au « dance stage » pour « Muddy Waters Blues Band » ! Je vois enfin un des chanteurs guitaristes que j’écoute à la maison sur K7 et 33 tours. Je comprends encore mieux l’apport du blues au rock. D'ailleurs, lui même avait écrit dans une chanson que « le blues a eu un bébé, on l'a appelé rock and roll » ! A ce propos, le nom du groupe Rolling Stones vient de l’inspiration d’une chanson de Muddy : « Rollin' Stone » (1950). Mais revenons à Cimiez, où on assiste à un concert magistral à deux mètres de nous. Bonne ambiance avec ce blues entrainant : « I'm Your Hoochie Coochie Man », « Sweet Home Chicago » (de Willie Dixon), « Mannish Boy », « Got My Mojo Working », « Walkin' Thru The Park », « Country Boy », « Kansas City »... et du vénéré Robert Johnson : « Sweet Home Chicago ». La bonhomie de l'artiste, sa simplicité, et l'aura qu'il dégage force le respect. Son jeu de guitare avec le « bottleneck » influencera bon nombre de musiciens... Cette tournée s'inscrit après les albums « Hard again » (1977), « I'm ready » (1978) produit par Johnny Winter ( qui relancera sa carrière), présent sur ces disques, et d'ailleurs pour cette Grande Parade du Jazz. En discographie, on retiendra également ses albums du label « Chess », dont en 1960 « Newport » (Jazz festival)... Ou avec « The Band » (le groupe de Bob Dylan) : « The Muddy Waters Woodstock Album » (1975). Muddy sera un des invités prestigieux au concert d'adieu du Band, pour le film concert de
« The Last Waltz » (1978). Autre disque à avoir : Muddy « Mississippi » Waters Live (1979). Et un ultime témoignage, avec les Rolling Stones : « Checkerboard Lounge : Live Chicago 1981 »...
A 68 ans, il quittera ce bas monde, lui montagne du blues, et bien loin des champs de coton.
Jack LALLI