A BYG RECORDS : UN LABEL ÉCLECTIQUE FANTASTIQUE ! (partie 1) LE JAZZOPHONE n° 29
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PARU DANS LE JAZZOPHONE n°29 (été 2024)
A BYG RECORDS : UN LABEL ÉCLECTIQUE FANTASTIQUE ! (partie 1)
Un label mythique qui renaît de ses cendres, ça se fête ! Un catalogue qui pioche dans le jazz d’avant-garde, au rock prog’ et psychédélisme. On y trouve des albums de 1969 à 1973, remastérisés par Nick Robbins à partir des bandes originales, sur des 33 tours (180 gr) et en CD (en édition deluxe).
ACTUEL ENCORE ACTUEL : FOREVER YOUNG !
En 1967, Fernand Boruso, Jean-Luc Young et Jean Georgakarakos créent le label BYG. Ils sont associés avec le magazine ACTUEL. Les artistes choisis viennent du jazz, du rock psychédélique, et de la musique électronique... Ils organiseront, en 1969, le festival d’Amougies... et le 5 août 1970, à Biot : le festival « Popanalia », qui sera un flop (malgré l’affiche, mais un public ingérable)… Fin du chapitre en 1975... En 2022, la renaissance du label est en place, grâce à Jean-Luc Young !
ALICE un pur délice !
Commençons avec ce super groupe français ALICE (nom inspiré de l’univers de l’écrivain Lewis Carroll). Des textes poétiques empreints de beauté, une belle écriture, c’est ALICE, qui reste dans la mouvance rock français des années 70’s, comme Ange, Martin Circus ou Triangle… Ce premier album (de 1970) est accrocheur par sa fantaisie. Composé d’Alain Suzan (claviers, basse, voix), Alain « Doudou » Weiss (batterie, voix), Jean-Pierre Auffredo (cuivres, violon, guitare, claviers, voix), Bruno Besse (guitare, vibraphone, voix), Sylvain Duplant (basse et guitare, voix). Ils démontrent une belle maîtrise de ce genre de musique (influencée par le rock anglais : des Moody Blues, King Crimson à Jethro Tull). « Venez jouer » est le message, et « Tournez la page » une bonne idée. Ce disque est complété avec 6 titres bonus (des trois 45 tours), ils sont plus rocks. « De l’autre côté du miroir » vers « Le nouveau Monde », c’est à vous de franchir le pas ! Le tout est une pure féérie comme les aventures d’Alice au pays des merveilles !
ARCHIE SHEPP : du jazz libre au blues !
Le saxophoniste s’installe en France en 1969 (fuyant les USA et les critiques puériles). Il a un groupe incroyable : le pianiste Dave Burrell, le trompettiste Lester Bowie, le batteur Philly Joe Joes, le bassiste Malachi Favors ... Les deux disques : « Blasé » et « Yasmina, a black woman » ont été enregistrés à Paris, le 12 et 16 août 1969. « Blasé » est un album phare d’Archie, il vous ouvre les portes d’un large monde musical... Remarquable la chanteuse : Jeanne Lee, elle scande et improvise dans « My Angel », un blues avec deux harmonicistes… « Sophisticaded Lady » de Duke Ellington est revisité. « Touareg » est joué en trio, une improvisation intense ! Concernant l’autre disque : « Yasmina, a black Woman ». C’est le titre rapide « Yasmina » qui en vingt minutes s’incruste dans ton esprit. Plus cool, « Sonny » Back », c’est du jazz bop (clin d’œil amical à Sonny Rollins) enrobé de chorus mélodique ou dissonant. Et, « Body and Soul », s’écoute tranquille...
AYNSLEY DUNBAR
Aynsley DUNBAR (batteur), sur ce disque « Blue Whale » (1970), fusionne la musique électrique, du rock au jazz. Il a joué pour John Mayall, Jeff Beck, Zappa. Le chanteur Paul Williams (Yarlett) possède une voix d’exception. (Il deviendra la voix de Tempest, d’Allan Holdsworth group, et de Colosseum !). Ce super groupe d’ Aynsley, passe du blues rock, et à un rock progressif (pas ennuyeux) sur des escapades jazz. De « Willie The Pimp », (textes et musique de Frank Zappa (album « Hot Rats »). Il imite le timbre vocal de Captain Beefheart... Notons ce délire parodiant « Constipation Blues » (de Screamin’ Jay Hawkins). Plus dans un style John Coltrane : « It's Your Turn », du jazz et du rock psyché qui s’amourachent. Exquis ce « Days », c’est un gospel poignant (quel grand chanteur Paul Williams). Le titre « Going Home » clôt cette merveille musicale.
Daevid Allen & Gilli Smyth
GONG
Magick Brother (1969)
Après avoir été avec Soft Machine, Daevid crée Gong avec sa compagne Gilli. Ce premier album enfonce les portes du psychédélisme, elles ont plusieurs facettes musicales. Daevid (chant, guitare, basse) et Gilli (rires, voix délirantes), Didier Malherbe (flûte, Sax), les contrebassistes : Dieter Gewiffler, Earl Freeman et Barre Phillips, Rachid Houri (tabla, batterie), (plus la fille de Gilli : Jasmin au chant sur deux titres). On baigne entre Pink Floyd (épopée Syd Barrett) et Soft Machine qui ont partagé des scènes communes. Pour ce style libre, au-delà du rock, on retient : « Glad to sad to say, Chainstore Chant - Pretty Miss Titty, Ego ». Du jazz (ce n’est pas pour les puristes) : « Gong song »… Planez, sœurs et frères sur « Cos You Got Green Hair ». Deux bonus bonheurs (le 1ᵉʳ 45 tours) : « Est-ce que je suis ? » (garçon ou fille), et un trip cosmique « Hip Hypnotise You » !
GONG : BANANA MOON (1971)
Un super groupe se forme autour de David, il retrouve Robert Wyatt (Soft Machine/ Matching Mole), le claviériste (de Spooky Tooth) Gary Wright, Didier Malherbe et Christian Tritsch (bassiste) de Gong, Pip Pyle (batteur), Nick Evans (trombone), Gerry Fields (violoniste), Archie Legget (bassiste), Maggie Bell et Barry St. John : aux voix. Entre rock psychédélique, progressif via l’école musicale de Canterbury (Soft Machine, Caravan, Hatfield and the North…). Free rock ou jazz, salutation à Kevin Ayers : « White Neck Blooze / Codein Coda », avec la superbe voix de Maggie Bell… Pour finir, l’exubérant « I am a Bowl ». L’album lumineux : « Camembert Electrique » arrive juste après !
ARESKI BRIGITTE FONTAINE : L’INCENDIE
1973 : replongeons vers ce duo mythique : Areski & Brigitte Fontaine. Ils décrivent en chansons des guerres et des conflits, des paix nécessaires, des partages, des amours, des poésies, des fêtes… Le groupe joue du folk et du jazz. Areski chante, et accompagne Brigitte avec sa guitare, moulin à musique, timbale et crotales. Jean Querlier passe du hautbois, au piano, la flûte et le bandonéon... Brigitte annonce, énonce ses mots. Entre des noirceurs et des moments sereins, l’espoir est à portée de main… Les troubadours de l’amour avec « L’abeille »… En bonus : « Ça va faire un hit », plus rock. Une belle moquerie sur le milieu artistique. Et, on termine sur : « Quand les Ghettos brûleront ».
Il faut rester musique, afin de voyager avec ces rééditions uniques, elles ont traversé les 60/70’s…. À aujourd’hui et demain !
Jack LALLI
(À suivre, la partie deux sur des artistes de BYG RECORDS, au prochain numéro du Jazzophone d'hiver 2024 (decémbre) pour les DIX ans du journal !)